COURSE SERREE ET UN NOUVEAU LEADER
Moins de neuf milles séparent les trois premiers concurrents du Vendée Globe après 20 jours de course, tandis que Thomas Ruyant (VULNERABLE), quatrième, n'est qu'à 20 milles du trio de tête alors que la flotte se dirige vers le sud et l'ouest dans les 40 rugissants.
Au petit matin, le peloton de tête a changé de position. Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), leader depuis 3000 milles, est désormais deuxième à seulement deux milles de Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA). Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) occupe quant à lui la troisième place à seulement sept milles de Dalin.
« Ce n’était pas prévu que je reprenne la tête, raconte Richomme. Je ne sais pas trop ce qui s’est passé. Le vent a dû être un peu tordu. J’ai joué ma trajectoire, il n’y a rien de stratégique, je suis juste ma route et ça m’a mis en tête. On a eu pas mal de vent cette nuit. On a fait un gros sprint… ultra rapide, avec des pointes à plus de 30 nœuds, ce qui n’est pas forcément palpitant ici . » Il faisait partie des nombreux concurrents de la flotte qui devaient suivre de près les bateaux proches pour éviter les risques de collision. « Je me suis retrouvé à côté de Seb Simon qui a un AIS qui transmet à moins d’un mille. Du coup, quand j’ai entendu l’alarme, j’ai sauté de ma bannette ! » ajoute Richomme.
La concurrence est tout aussi vive en tête de la flotte des dériveurs non foilers et Jean Le Cam (Tout commence en Finistère – Armor-lux) a pu échanger ce matin en VHF courte portée avec Louis Duc (Groupe Fives – Lantana Environnement). Le Cam et Duc font actuellement partie des huit concurrents séparés de seulement 110 milles, mais dans des conditions météo très différentes, à près de 2 000 milles des leaders.
Entre le quatuor de tête et les premiers bateaux à dérives, Justine Mettraux (Teamwork-Team SNEF), Clarisse Crémer (L'Occitane en Provence) et Boris Herrmann (Malizia – Sea Explorer) sont distants de moins de deux milles, mais tous sous l'influence de l'anticyclone de Sainte-Hélène. Les vents faibles, le temps ensoleillé et la mer clémente ont permis à Crémer de rattraper son retard sur la maintenance, notamment la réparation de l'hydrogénérateur et le ragréage du gréement courant.
Herrmann, qui était presque encalé plus tôt dans la journée, a partagé sa frustration : « Rester assis à l’intérieur du bateau devient difficile, regarder l’écran, regarder le tracker. Nous avons fait une si belle préparation d’un nouveau bateau pendant quatre ans. Nous pourrions aller à 20 nœuds… mais au lieu de cela, nous sommes là. Cela me rend un peu triste. J’aimerais pouvoir pleurer parfois, mais la plupart du temps, cette émotion est positive. Je fais ce que j’ai à faire et je peux changer la position dans laquelle je me trouve. »
En revanche, Pip Hare (Medallia) est plus optimiste aujourd'hui : « C'est l'édition la plus compétitive de la course, il y a tellement de bateaux et tout le monde est très proche en termes de potentiel de performance au sein de chacun des petits groupes. Et quand on fait une erreur, on paie. Au cours des deux derniers mois avant le départ, je suis allé à la rencontre de conditions plus difficiles pour mieux comprendre le bateau. Nous ne pourrons jamais reproduire les vagues de l'océan Austral, mais j'ai navigué dans une forte brise, donc j'ai une petite stratégie en tête pour savoir comment gérer la situation. Nous verrons comment cela se passe dans la réalité. »
Sam Goodchild (VULNERABLE) est toujours de loin le premier bateau à foils de deuxième génération, à 250 milles des leaders, malgré les problèmes rencontrés pendant la nuit. « J'ai eu 12 heures très chargées », dit-il. « Cela a commencé hier soir avec le safran qui se relevait – le système qui le maintenait en position basse est tombé en panne. L'équipe technique m'a aidé à réparer ça et nous avons remis le safran en position basse, donc c'était bien. Ensuite, nous avons passé la nuit avec un vent entre 10 et 30 nœuds. Choisir la bonne voile est donc plus facile à dire qu'à faire. Ce matin, nous avons commencé à piquer du nez, ce qui est le talon d'Achille de ce bateau. Nous avons eu un énorme coup de vent où tout s'est envolé et le bateau s'est retrouvé sur le côté. J'essayais de préparer le petit-déjeuner et de l'eau chaude a volé au-dessus du bateau et a atterri juste à côté de moi. J'ai donc mis une voile plus petite, mais cela m'a pris environ 45 minutes au lieu de 15 pour diverses petites raisons. Je suppose que je suis fatigué, je fais des bêtises mal. Mais je suis content de repartir avec un petit FRO et c'est reparti. »
Pour l'avenir, les bateaux de tête vont devoir faire face à un nouveau problème en fin de semaine : l'arrivée d'une forte dépression sud prévue pour mercredi. « On ne sait pas trop comment gérer ça , confie Richomme. D'habitude, on contourne ce problème."Nous allons nous diriger vers le nord pour échapper au plus gros de la mer mais cette fois, la voie de sortie est très loin, donc on pourrait être tenté d'aller vers le sud. Je ne pense pas que ce soit un énorme enjeu de course en termes de victoire, mais plutôt en termes de sécurité." Quoi qu'il en soit, c'est une décision qui devra être prise demain matin.
Plus loin, le reste de la flotte se prépare également aux vents forts du sud. « Depuis hier, je suis dans une zone de vents forts au sud de l’anticyclone de Sainte-Hélène , raconte Isabelle Joschke (MACSF). Symboliquement, ça veut dire que ça repart à plein régime, j’ai quitté les petits airs de l’Atlantique pour revenir dans l’océan Indien. J’ai mis le bateau en configuration pour le sud, changé les voiles, remplacé des bouts importants, gerbé mes voiles à l’arrière… Dans quelques jours, je doublerai le cap de Bonne-Espérance et ce sera comme repartir pour une nouvelle course. »
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